Yasser Benmiloud ( YB )

Biographie: Comme son père le professeur Khaled, Yasser est d’une lignée de notables de l’oasis de Tiout, près de Aïn Sefra. YB ou Yasser Benmiloud né à Alger en 1968, YB. a été journaliste au quotidien Algérien EL WATAN. Installé à Paris depuis 1998, il est l'auteur chez Lattès d'un triptyque algérois : Comme il a dit lui (1998), L'explication (1999), Zéro mort (2001).

Ouvrages:

Allah superstar : (Roman) - Éditions Grasset, Paris ISBN : 2-2466-2451-7, 2003


Quatrième de couverture

" Une fatwa, voilà ce qu'il me faut pour devenir à la mode. C'est plus rapide que Star Academy, ça dure plus longtemps, tu voyages dans le monde entier, tu donnes des conférences, tu descends dans des palaces, tu montes sur scène avec U2, tu prends le thé avec le pape, une bière ou deux voire trois avec Chirac, une vodka givrée avec Poutine, un cigare humide avec Clinton, une grosse ligne avec Bush Junior, un masque à gaz avec Saddam Hussein, à chaque fois que tu dis une connerie tout le monde entier il t'écoute vu que tu as une fatwa au cul le pauvre, alors que le monde entier il est autant dans la merde que toi vu que c'est bientôt la fin du monde pour tout le monde. "

Y.B.



Un roman extrême contre les extrémismes.
Né à Alger en 1968, YB. a été journaliste. Installé à Paris depuis 1998, il est l'auteur chez Lattès d'un triptyque algérois : Comme il a dit lui (1998), L'explication (1999), Zéro mort (2001).


Le Le Jeune Indépendant 16 octobre 2003
De l’humour noir sur scène
par R.F.I

Parce que la vie n’a jamais été drôle pour lui, parce que rien ne lui a vraiment souri, le jeune Kamel Léon Hassani décide de faire rire les autres en incarnant un… terroriste.Quand on est un jeune d’origine difficile, le chemin vers la gloire est semé d’embûches.

La première, et elle est de taille, consiste à faire savoir qui l’on est.Pas grave si on a oublié d’où on vient, Kamel Hassani préfèrerait savoir où il va.Mais pour aller quelque part, encore faut-il ne pas trop inquiéter l’entourage.

Alors, Kamel Léon se choisit un nom de scène qui sonne comme un mauvais calembour et louvoie comme il peut entre l’imam du quartier, les copains de galère, une fiancée capricieuse, un producteur alcoolique et sa charmante nièce.Entre le premier stand-up, filmé au caméscope par les copains dans un studio de banlieue, et le premier Olympia, une suite de gags, jalonne le chemin de l’aspirant comique.

Pour son quatrième livre, Y., journaliste algérien installé en France depuis 1998, a choisi le ton du one-man-show, celui de la tchatche et de l’humour noir, mais le sujet est infiniment plus grave qu’il n’y paraît.Derrière le ton humoristique de ces pages se profile le malaise d’une jeunesse de France que la France ne reconnaît pas.

L’auteur ne cache rien de ses inquiétudes, de sa vulnérabilité, de ses difficultés et annonce, entre deux vannes d’un goût douteux, une issue qui ne pourra être que tragique.

Magazine "Lire" Lire, septembre 2003
par Gabrielle Rolin

Il cause, il cause, est-ce tout ce qu'il sait faire? Non bien sûr, il ne demande qu'à vous faire les poches, et un bras d'honneur si vous protestez. Et pour finir, il cassera la baraque, foi de kamikaze. Mieux vaut donc le laisser écrire. Bien qu'il n'ait pas quarante ans, il a déjà publié quatre livres... et un oignon à peler avec son enfance algérienne et sa condition de Beur, enlisé dans les quartiers sensibles. Il lui tarde de devenir une star comme Jamel Debbouze. Par ici la gloire, les flashs des photographes, les télés et surtout, avant tout, la monnaie. On lui reconnaîtra le mérite de la franchise. Il ne recule devant rien pourvu que ça paye. Si nécessaire il jouera les terreurs. Quelle meilleure cible choisir que l'effondrement des tours jumelles? "Celui qui les a niquées, il vient manger le couscous chez moi quand il veut", s'est émerveillé papa. Aussitôt le fils revêt sa tenue d'islamiste de combat pour quémander à la mairie d'Evry une subvention à l'intention de "Jeunesse et Djihad", oeuvre à buts, entre autres, lucratifs. Et le public, le cheikh-iman lui-même, se tapent sur la cuisse. Faut-il croire que le comique terroriste a remplacé le comique troupier? Voyez plutôt: le public se rue à l'Olympia, Ardisson se répand en clins d'oeil, Delarue s'interroge: "A-t-on le droit de se moquer de tout?" La sotte question quand les euros pleuvent. Libre à Finkielkraut de faire la gueule en dénonçant un mélange de "judéophobie, francophobie, islamophobie", Paris fredonne: "Oussama, youkaïdi, youkaïda" en guettant la prochaine bombe. Reprochera-t-on à l'auteur d'en faire trop? Coluche, Timsit, Bedos, les grands frères qu'il invoque, criblaient leurs cibles de flèches alors que lui les bombarde à l'aveuglette. Autre temps, autres moeurs.

Point de vue : Amazon.fr
par Céline Darner

Autoportrait d'une jeune de la cité d'Évry qui se verrait bien en comique. Façon, Jamel Debbouze, au pire Gad Elmaleh. En haut de l'affiche, à l'Olympia. Orphelin d'une mère charentaise, élevé par un père algérien veilleur de nuit, employé dans un Quick, Kamel Hassani a peu le choix pour s'en sortir. Être une star. Quitte à essuyer une fatwa lancée par le cheikh de la cité. Quitte à signer un premier contrat avec un raté de la production, revenu d'outre-tombe. Il s'agit d'y croire. Et le voilà parti, sous le nom de Kamel Léon, dans une ascension fulgurante, à la stupéfaction de son entourage, avec un sketch "sulfurique, tellurique", parodiant Al-Qaïda... Annoncé comme "un roman extrême contre les extrémismes", Allah Superstar n'y va pas de mainmorte. Sous le pseudonyme d'Y. B., l'auteur renvoie dos à dos les terroristes et les islamistes, les imans et les Saoudiens jonglant à coups de pétrodollars, les agents de Sarkozy et les CRS de Pasqua, épingle la mixité sociale, le show-business, Michel Drucker en Highlander, Star Academy, la RATP et les fast food. Tout y passe ! Sur le ton et avec un style proches de Jamel Debbouze, voici un roman cinglant, irrévérencieux, qui hurle son comique de l'exagération, se sert des actualités (de Jeannne Calment au 11 septembre), puise à la fois chez les Marx Brothers et Woody Allen, les Guignols et les Robins-des-Bois et s'inspire de la lucidité de Coluche et de Desproges. Une autre manière de s'ériger contre la société du spectacle.
-- Céline Darner


Point de vue

Allah superstar se lit comme on lirait un bon San Antonio, Y. B. y écrit comme on parle du côté d'Evry, de La Courneuve, d'Aubervilliers ou de Trappes. Cela peut déconcerter ceux qui attendaient un style ampoulé, cela peut intriguer ceux qui ignorent les expressions " d'origine difficile " comme il dit lui, par exemple " tu montes tu descends, c'est comme ça ", expression de l'arabe dialectal intraduisible et pourtant traduite mot à mot sans rendre le vrai sens " d'origine difficile ". On a l'impression que Djamel Debbouze, l'idole de son personnage principal, lui a communiqué son style.
Il reste que tout le système du Biz, tout le système politique, et quasiment le monde entier en remontant jusqu'en 1931 à l'exposition coloniale, en prend pour son grade dans un texte décapant, au vitriol, qui ne s'embarrasse pas du politiquement correct.

Lounès Ramdani



Extraits :

"Mais je sais, toi tu te dis des anonymes comme moi il y en a plein les banlieues et ils pissent pas loin. Tu as vu comment tu me parles ? Mais je te pardonne parce que je suis sûr tu penses à Aziz du Loft 1 ou Kamel du Loft 2 les pauvres ils font de la peine, tu as vu comme par hasard c'est des arabes et le producteur c'est un juif, même si moi je suis contre la politique ça fait quand même beaucoup, mais moi j'ai rien à voir avec ces bouffons, on est pas du même tiers-monde ni du quart, tu me vois faire le clown d'origine difficile dans un loft que mon père il pourra jamais se payer comme ça la France elle se moque de ma race si c'est pas déjà fait ? Non, man. Moi ce que je veux c'est le respect. Tu sais c'est quoi le respect ? C'est quand mon père ça fait vingt ans qu'il bosse en France et tu le fais chier quand il vient renouveler sa carte de séjour et tu le fais revenir dix fois parce qu'il a eu le malheur de chômer dix mois et qu'un veuf marié à une Française ça compte pour du beur et qu'à la préfecture les chiottes elles sont condamnées donc va mourir mais t'inquiète les fonctionnaires ils ont les leurs qui ferment à clé comme si rien que les flics blancs ils pissent alors que devant les guichets ça grouille de mômes sans papiers et de vieux en cours de régularisation si Dieu veut. Le respect c'est quand Samia la sœur aînée de Nawel elle veut louer un studio à Paris comme ça elle se rapproche du boulot et on lui dit c'est libre, mais quand elle donne son nom comme par hasard c'est loué depuis le 11 septembre. Le respect c'est quand Kenza, l'autre sœur de Nawel, elle se fait jeter de chez ED pour cause de " javellisation ", comprends que le personnel de couleur il est tricard sous la pression des clients bourges cathos parigots qui menacent de boycotter la boutique, soit 15% de pertes, si les caissières elles affichent pas un beau teint de porcelaine, à l'image de notre Seigneur Jésus-Christ qui, c'est bien connu, était blonde aux yeux bleus et coiffée par Jacques Dessange. Le respect c'est quand les CRS refoulés qui présentent le JT ils disent " ils " quand ils parlent de l'insécurité et " on " quand ils parlent de la répression. Le respect c'est quand on te dit il faut t'intégrer dans la mixité sociale et qu'on te laisse pas entrer en boîte mais en mosquée. Le respect c'est quand un journaliste il fait dix prises de la scène où les cow-boys de la Brigade anti-criminalité ils te mettent les pinces et dix fois ces fils de pute ils te cisaillent les poignets en gros plan. Le respect c'est qu'en plus toi tu as rien à te reprocher, sinon que tu viens de palper 100 euros du journaliste en question pour jouer le truc vu que ce jour-là il y a pas délinquence. Le respect c'est que j'arrête là les exemples sinon ça veut dire que je te prends pour un gogol et c'est ça le manque de respect."

…      …

"Mais voilà, il se trouve qu'en arrivant à la maison devine sur qui je tombe et qui est train de sonner chez moi mais il y a personne vu que mon père il est déjà veilleur de nuit à l'hôtel des Ecoles ? Nawel. Oui mon frère, celle que je te parle depuis le début et que jusque là tu t'es contenté de me faire confiance comme quoi elle est belle alors regarde, regarde un peu, avec tes propres yeux tu peux lire les lignes et déchiffrer les sens, elle est pas canon Nawel ? Tu as vu comment son jean tellement il la moule que tu peux voir sa beauté intérieure sauf quand elle met un string et qu'elle a la courroie dans la poulie ? Moi Nawel à chaque fois que je la vois je suis comme le loup de Tex Avery avec les yeux qui giclent et le reste aussi même que les draps s'en souviennent, d'ailleurs pas plus tard qu'hier j'ai encore rêvé d'elle, Nawel."

…      …

"D'ailleurs il me lâche pas le keubla et il enchaîne en me disant que mon type de comique ça correspond à ce qu'on appelait au siècle dernier les " zoos humains ", quand la France elle organisait des expositions coloniales où elle ramenait en métropole des bons sauvages importés du bon ordre colonial pour bien montrer aux FDS que c'est normal de coloniser des bêtes pareilles donc il faut être fier que l'Empire français il leur apporte la civilisation et pour 5 francs de l'époque en 1931 tu pouvais aller mater les Kanaks au Jardin d'acclimatation qu'on obligeait à jouer les cannibales en bouffant de la viande crue et à s'accoupler en direct-live et dans le lot tu avais l'arrière-grand-père de Christian Karembeu, normal qu'après le mec il se paye une Adriana en tant que Desdémone pour réparer le préjudice commis, tu vois ce que je veux dire ? Parmi le public du zoo humain tu avais au hasard les arrière-grands-parents de Michel Leeb et ça les faisait pisser de rire de voir des sauvages en vrai classés par thèmes, Africains, Arabes, Indochinois, Polynésiens, tu avais tous les produits dérivés du singe, l'exposition coloniale de 1931 c'était la dernière du genre, mais avant tu en avais eu partout en Europe et aux Etats-Unis et Bala il me dit qu'en vérité c'était rien d'autre que l'ancêtre de " Loft Story " et pour la dernière édition la prod de l'époque elle a explosé l'audimat avec plus de 20 millions de visiteurs sur des centaines d'hectares du bois de Vincennes, et pareil que dans le Loft 2 quand la France elle a pissé de rire quand Kamel il a prononcé le thym " tim ", eh bien là la France elle pissait de rire en voyant des nègres qui agonisaient en tremblant vu qu'ils étaient en peau de bête en plein novembre à Paris, mais le fait qu'ils se pèlent et qu'ils en crèvent c'était un point de détail vu qu'un sauvage ça compte pour du beurre et que des mecs super pointus comme Gobineau, Bala il a insisté comme quoi c'était des scientifiques français et pas des Allemands nazis ou quoi, donc Gobineau et les autres scientifiques de sa race ils avaient prouvé scientifiquement que les indigènes c'était pas des hommes donc on pouvait y aller franco, d'ailleurs aujourd'hui quand tu regardes le JT c'est resté dans les mentalités, c'est le genre de trucs qui te formatent un peuple, et sur le conducteur du JT un accident de voiture en Europe ça passe toujours avant le naufrage d'un bateau en Afrique, les présentateurs on leur apprend ça à l'école de journalisme, les enfoirés ils appellent ça le " mort-kilomètre ", tu y crois toi ? Genre plus c'est loin moins c'est grave, ces faux culs ils te disent que c'est une question de géographie alors que c'est l'Histoire en vérité."

 

Comme il a dit lui : (Chroniques) - J.-C. Lattès, ISBN : 270961877X, 1998



Quatrième de couverture

" Alger : capitale mondiale du meurtre, connue également pour la douceur de ses oranges et le parfum capiteux de son jasmin qui font de ses cimetières les lieux de villégiature les plus prisés par les Algériens... " Ainsi parle YB, chroniqueur d'El Watan, organe francophone de la libre expression. Face aux maîtres de la guerre, aux généraux, aux islamistes, il trempe sa plume dans le sang des victimes pour que vive l'Algérie. Pour que le peuple cesse de mourir sans faire de bruit. Egorgeurs, corrompus, tueurs et terroristes, députés et fraudeurs... YB n'épargne personne. Mais très vite, il va trop loin et sa plume devient son pire ennemi : en danger de mort puis arrêté, il s'exile en France. Aujourd'hui, il n'a pas de message d'espoir pour son pays. Mais il ne regrette rien de ce qu'il a écrit : insolentes, féroces, différentes... toute la réalité algérienne est stigmatisée dans ses chroniques. Parce que l'insolence et l'humour peuvent contribuer à arrêter les massacres.


 

L'Explication: (Roman) - Jean-Claude Lattès, Paris, 1999



Présentation de l'éditeur

Ce jeune journaliste algérien a publié pendant sept ans dans le quotidien El Watan des chroniques au vitriol sur la vie politique algérienne, dénonçant les trucages électoraux et islamistes. Satiriste insolent, il mêle ici enquête et histoire pour tenter de comprendre "comment le meurtre au nom de Dieu a fait du meurtre le nouveau Dieu". Il accuse et conspue un pouvoir algérien corrompu.


Zéro mort : (Chroniques) - J.-C. Lattès, ISBN : 2709621177, 2001

Source: Dz lit bibliographie.htm