Aïn-Sefra(Période Coloniale)

Aïn-Séfra et son ksar,

de l’antiquité à l’invasion française

Par Mr .Khelifa BENAMARA

Après le débarquement des Français en 1830, s’organisa la résistance sous la conduite de l’Emir Abdelkader. Nous savons que celui-ci est passé plusieurs fois dans la région entre fin 1842 et 1847. Il était également un membre de l’ordre des Qadrya. Son père, Maheddine, était même un moqaddem de cet ordre et chef d’une zaouïa dans les environs de Mascara. L’émir marqua beaucoup de respect pour le ksar d’Aïn-Séfra, habité par des descendants de Sidi Abdelkader El Djilani, et n’exigea pas l’impôt comme il le fit pour les autres ksour et tribus.

En avril 1847, sous la conduite du général Cavaignac, les Français arrivèrent dans le sud-ouest. Après être passés dans les autres ksour, ils parvinrent, le 5 mai 1847, devant Aïn-Séfra. Chamberet qui faisait partie de la colonne de Cavaignac écrit : « Peu avant d’atteindre le ksar d’Aïn-Séfra, on aperçoit à droite un millier de kabyles, bordant une crête rocheuse… qui court parallèlement au pied du djebel Aïssa. Devant la tête de colonne et dans la plaine au pied de l’extrémité ouest de cette crête, un goum de 400 à 500 cavaliers se fait voir par groupes de 100 à 150 chevaux. A gauche et dans les dunes qui sont derrière le ksar, la population d’Aïn-Séfra en armes se montre également en observation ». Le même auteur ajoute qu’il « était facile de reconnaître l’influence que possédait encore Abdelkader au commencement de 1847 » dans cette région. De son côté, le Dr Jacquot qui, lui aussi, accompagnait la colonne française, note : « En arrivant à Seufra, nous trouvâmes l’ennemi disposé à nous attendre de pied ferme… la cavalerie ennemie paradait dans la plaine ; avec une lunette, on pouvait découvrir des groupes jusqu’aux bornes de l’horizon ». La bataille s’engagea et dura toute la journée, jusqu’à  cinq heures du soir. Elle fut, bien sûr, à l’avantage de la colonne française qui comptait 2 800 hommes avec 140 000 cartouches et des canons avec une réserve de 400 obus. Après la bataille, les soldats reçurent l’autorisation du Général Cavaignac de « piller la ville et de couper les céréales ».

Les Français occupèrent le ksar et demandèrent le règlement de l’impôt tel qu’il était payé à l’Emir et aux Turcs. Les Ouled Sidi Boutkhil répondirent que leur qualité de Chorfa les dispensait de l’impôt et qu’ils n’en avaient jamais payé à ceux qui les ont précédés. Néanmoins, les envahisseurs prélevèrent des vivres pour leur colonne et repartirent, après avoir désigné un caïd.

Après 1847, les Français repassèrent plusieurs fois dans la région. En 1881, se déclencha l’insurrection du Cheikh Bouamama à laquelle une grande partie de la population, sédentaire et nomade, y contribua d’une manière ou d’une autre. La France décida alors de s’installer définitivement à Aïn-Séfra. Une colonne française, sous la direction du Général Louis entra à Aïn-Séfra en octobre 1881 et commença aussitôt à bâtir une caserne à côté du ksar. A cette époque, Deux tiers des habitants avaient déjà quitté Aïn-Séfra : selon les estimations des Français, le ksar comptait entre 200 à 260 maisons pour 800 à 1000 habitants en 1847 ; en 1881, il ne comptait que 64 maisons pour 300 habitants.

Après avoir été érigée en Subdivision Militaire en 1894, Aïn-Séfra prit une grande importance aux yeux des Français qui en firent leur base pour la conquête du Sahara et du Maroc. L’un de leurs plus prestigieux officiers, le Général Lyautey y fut nommé en 1903 et, par décret du 12 décembre 1905, la  petite ville devint le siège du Territoire Militaire d’Aïn-Séfra dont l’étendue ne cessera de croître jusqu’à couvrir une superficie égale aux cinq sixièmes de la France.

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Ksar d’Aïn-Séfra -- Novembre 2005

Khelifa BENAMARA

Aïn-Sefra en période Coloniale:Description de luc piras

Avait pour nom d’origine Aïn-Safia, signifiant « La source pure » ou Aïn-Essefra, signifiant « La Source au métal jaune » ; elle prit le nom et l’orthographe d’Aïn-Sefra par arrêté gubernatorial du 20 mars 1882.

Le plaisant village des années 1950 n’était, pourtant, à l’origine qu’un pauvre ksar bâti au pied d’une grande dune et entouré de jardins miséreux.

Le poste d’Aïn-Sefra fût créé en 1882, après l’insurrection de Cheikh Bouamama, pour surveiller la région face à Figuig qui était, alors, la citadelle et le refuge des dissidents.

Aïn-Séfra fût rendue célèbre par le Maréchal Lyautey qui commanda la Subdivision d’Aïn-Séfra de 1903 à 1906.

Située à 32° 45’ latitude nord et à 36° 2’ 24 » de longitude ouest de Greenwich, à 440 km d’Oran par la piste Le Kreider-Colomb Béchar(actuellement RN 6), par voie ferrée à 493 km, à vol d’oiseau à environ 300 km. Aïn-Séfra, grosse bourgade plantée aux confins des hauts-plateaux, aux portes du Sahara à la bordure Nord de l’Atlas saharien.

Le village, relativement isolé dans une vallée de sable entre l’immensité monotone des hauts plateaux et la fournaise du Sud, est bâti au confluent des oueds Bridj et Mouillah au centre des Monts des Ksours et culmine à 1070 mètres entre le Djebel Mekter (2062 m.) au sud, le Djebel Aïssa (2236 m.) au nord-est, les Djebels Morghad (2135 m) et Hairech (1686 m) au nord-ouest et le Djebel Smir (1800m) au sud-ouest.

Ces jardins, sa végétation exubérante offrent une sensation de douceur extrême et les vents qui soufflent sur ses dunes de sable d’or édifient au caprice de chaque jour de nouveaux paysages éphémères.

De loin, on a l’impression que le village a été construit sur une mer de sable et  il semblerait bien que dans des temps anciens il y ait eu mer. Pour preuve l’existence d’impacts de vagues qui venaient s’écraser sur les parois du Djebel Mekter, les nombreux fossiles marins trouvés dans la région.

Les « Pierres Ecrites », elles aussi, livrent leur étonnant lot de peintures rupestres attestant de la fertilité de la région au début de l’humanité.

Aïn-Séfra tire son intérêt de sa situation géographique : les monts des Ksours, portion occidentale de l’Atlas saharien qui forment la limite géographique entre les hauts-plateaux et le Sahara ; cette limite se trouve sous une latitude très méridionale ; d’autre part les sommets des montagnes qui atteignent une altitude relativement élevée (souvent plus de 2000 mètres) qui en fait des condensateurs. Le climat d’Aïn-Sefra est sec et caractérisé par de grandes variations de température entre les jours et les nuits. En été (juillet et août) on note + 40° C ; en janvier – 4°C et même – 6°C.

Le vent souffle souvent et plus particulièrement d’ouest, le village est alors envahi par le sable qui pénètre absolument partout, dans les moindres recoins. Le siroco est rare ; Les chutes de pluie et de neige sont assez fréquentes au printemps et en hiver. En avril 1927 la neige est tombée et s’est maintenue très longtemps sur le Djebel Aïssa ; l’hiver 1954 vit également le village enveloppé d’une magnifique couche blanche. Par contre de violents orages s’abattent sur Aïn-Sefra en juin et en automne. Ces conditions permettent l’existence et la survivance d’une flore tellienne remarquable pour la région.

Ces djebels furent le théâtre de violents accrochages avec les Fellagas (Moudjahidines) retranchés au Maroc dont la frontière se situait à une cinquantaine de kilomètres d’Aïn-Sefra(dont la bataille de M'zi fut la bataille la plus sanglante ). L’oued Mouillah recueille les eaux des pentes sud des Djebels Hairech et Morghad et celles des pentes Nord du Djebel Aïssa. Les talwegs du Djebel Mekther alimentent l’Oued Bridj qui recueille par ailleurs les pluies de la région de Forthassa, à 70 kms à l’ouest d’Aïn-Séfra.

leur jonction – à Aïn-Sefra – les deux oueds prennent le nom d’Oued Séfra. L’oued Séfra coule par intermittence pendant l’hiver,

à la suite des pluies de décembre et de mars ; en juin et en octobre, de violents orages provoquent souvent des crues importantes et des masses d’eau considérables balayent l’oued arrachant tamarins et lauriers-roses qui le bordent.

Une de ces crues détruisit le 20 octobre 1904 la quasi-totalité du village ; lors de cette crue périt Isabelle EBERHARDT âgée de 27 ans. Cette jeune femme poète écrivain décrivit avec passion la région et se convertit à la religion musulmane en 1900.

En dehors des crues, le mince filet d’eau de l’oued Bridj alimente, à 2 kms en amont du centre, des barrages construits par les indigènes avec des pierres et du sable d’où partent des « séguias » qui servent à l’irrigation des jardins. Ces barrages varient fréquemment d’emplacement soit par destruction, soit suivant les nécessités de l’irrigation. Joncs, lauriers-roses, tamaris, figuiers bordent les flancs de l’oued.

source:site ma source Jaune

Luc Piras